Le voisin (gravé dans la pierre)

Quelques temps après ce coloriage fort romantique, digne des plus grandes fables pour enfants de moins de 10 ans, j'entendais frapper à sa porte, un soir vers 23h00. C'était elle. Sans doute un peu gamine, ou bêbête, c'est comme vous le sentez, la jeune fille était de retour pour copuler dans la joie et l'allégresse avec mon Lucky Luke de voisin. La petite histoire ne dira pas si elle a réellement eu une aventure avec un autre, si sa nymphomanie avait prit le dessus ou si elle préférait être en dessous. Les faits sont les faits, et ils me réveillèrent en s'envoyant en l'air...

Dès lors, les visites de ses copains s'espacèrent, puis s'annulèrent complètement. Inquiet, je me demandais si ils n'étaient pas morts, puis, je me rendis compte d'un événement fort inhabituel: il quittait son appartement à 7h00 du matin, tous les jours. Lui qui faisait la fiesta et dormait jusqu'à midi quand il était au chômage, venait de trouver un petit boulot d'intérimaire ! Un soulagement pour mes esgourdes, ma tension et mon sommeil. Il comprenait enfin que les gens qui bossent doivent souvent se lever tôt, et se coucher tôt pour récupérer d'une dure journée de labeur. Je jubilais...

Gravé dans la pierre
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Sa mission d'intérim s'est terminée il y a deux jours. Il reste couché tard, mais n'a pas encore recommencé à faire la fête. Par contre, sa miss se pointe régulièrement pour son injection. Elle tape, elle entre. Il entre à son tour ;-)

Nous habitons dans un petit immeuble de ville, très ancien. Il s'agit d'un ancien troquet napoléonien, bati dans les enceintes de la ville à l'époque médiévale et réhabilité une première fois au 19ème siècle, puis une seconde il y a 20 ans, pour en faire des appartements au charme inégalable. A l'intérieur, le long de l'escalier, les pierres d'époque sont apparentes. C'est absolument magnifique. Et pourtant, ce cher voisin n'a pas tardé à y immortaliser sa peine amoureuse...

C'est en sortant l'autre jour que Marge, dont l'oeil est décidément perçant, me fit remarquer ce changement. Sur le mur de pierre qui longe la porte de son appartement, apparaissent pour l'éternité ses initiales et celles de sa maîtresse, X + Y. Je me rappelle avoir fait ce genre de choses. Mais j'avais 8 ans et je vivais les amourettes que vivent les enfants. Encore, à l'adolescence, quand la réalité du monde n'avait pas encore brûlé les restes de naïveté dans ma vie, j'esquissais mes initiales auprès de celles de mes conquêtes... mais l'adulte que je suis a franchi un cran, celui là même qu'il manque à cet imbécile heureux qui me sert de voisin bordélique...

Pour le moment, finalement, tout est calme. Mais le calme annonce bien souvent la tempête.