Puis, mon interlocutrice, agée de quelques années de plus que moi, dit: "vous avez l'air d'un adolescent".
Ca me trotte dans la tête, depuis, car je n'ai pas su quoi répondre. Enthousiasme et adolescence... quel rapport? Etre jeune dans sa tête fait-il de vous quelqu'un de moins pris au sérieux? Savoir faire la part des choses entre professionnel et personnel peut-il être un handicap? Ne peut-on pas paraitre à l'aise dans un domaine sans qu'on croie que ce n'est qu'un jeu?
Un acteur a dit, un jour: "je travaille dur mais je fais paraitre ça facile". Je me retrouve particulièrement dans cette déclaration. Malheureusement, la société moderne et plus particulièrement le monde du travail, assimile trop facilement et subjectivement l'aisance et les glandeurs. Je ne nie pas qu'il existe des travailleurs qui n'en foutent pas une, et qui donc, n'ont pas à se plaindre d'avoir encore un emploi. Mais il faut se rendre compte qu'il existe des gens pour qui certaines fonctions sont presque innées, des gens qui ont un sens de l'adaptation élevé et pour qui il est facile d'être à l'aise dans un domaine. A croire que ça dérange, et qu'aujourd'hui les esprits vifs n'ont que deux choix: soit être des requins et se construire une carrière comme tel, délaissant ambiance de travail, vie sociale et parfois vie privée; soit être des gens bien et être mis au placard par leur trop grande confiance en eux. Point de compétence dans tout ça. Ce n'est que du paraitre.
J'en reviens au problème: vivre intensément ses passions, est-ce être encore un adolescent dans l'âme? A cela, je répond non: s'investir dans des projets est une marque de volonté, de confiance et de responsabilisation. Et rester jeune dans sa tête, permet bien souvent de s'adapter plus vite et d'être toujours plus vif qu'un concurrent. Bref, c'est un atout.
Un ado, lui, conserve toujours cette part d'esprit rebelle qu'un esprit jeune a su dompter. C'est la grande différence.
Et c'est ce que j'aurai dû lui répondre.