La publication du
top 10 des séries les plus téléchargées en 2008 est très révélatrice. Même si ses critères d'établissement ne sont pas clairs, ce classement demeure un état fiable de la situation des séries américaines et de leur perception à travers le monde: les internautes ne veulent pas attendre un an d'avoir leur série favorite en français, ils préfèrent de loin la rapidité d'accès de la toile et la vo sous-titrée. Ainsi, on constate la suprématie d'un genre qui se fait rare parmi les nouveautés en 2008, il s'agit de la série feuilletonante. Le podium du classement est partagé par Lost, Heroes et Prison Break. Trois séries dont l'épisode ne boucle pas une histoire, un genre à succès parmi les drama, et pourtant en 2008, peu de nouveautés ont repris le flambeau, à peine les excellentes True Blood et Breaking Bad, diffusés sur des chaines cablées.
Parmi les 10 séries aux épisodes les plus téléchargés, on observe aussi l'absence des séries les plus populaires et les plus regardées: les séries policières. CSI (Les Experts), New York Unité Spéciale ou Criminal Minds, sont absentes du classement. Leur trame se répète souvent et elles connaissent un succès important lors de leur direct aux USA. Ceci explique cela. Les différences d'audimat entre les séries à succès et les autres, pourtant téléchargées et bénéficiant d'un buzz, pourrait s'expliquer par des cases horaires mal adaptées.
Parlons donc des audiences. La baisse continue des audiences des séries lors des diffusions aux Etats-Unis s'atténue si l'on prend en compte les téléchargements « intra-USA ». Les heures de programmation, les enregistrements sur VHS (ça existe encore...) contribuent à faire baisser l'audimat, et le fan se rattrapera en téléchargeant l'épisode. La compensation peut s'observer comme ça. Ou pas. Une chose est sure, la série américaine a du succès et on ne trouvera pas de sitôt « Une femme d'honneur » dans le top 50 des séries les plus téléchargées de l'année...
Retour dans l'Hexagone. Là, les chaines principales s'affolent. Les séries les plus attendues, les gros succès américains, font un flop. Elles sont reléguées en 2ème partie de soirée. Le drame, quand on voit les investissements pour acheter des épisodes que personne ne verra. Déprogrammations, annulations pures et simples, le spectateur sera désabusé. Alors il téléchargera.
Les grilles de programme des chaines françaises, en mataière de séries, sont catastrophiques. Quand elles ne sont pas reléguées au rang de séries du « dimanche », elles sont diffusées tard dans la nuit ou pas du tout (l'exemple de le saison 1 de Dexter, acquise par TF1, est affligeant). Au lieu de ça, on respecte des traditions ancestrales: le lundi c'est Mimi Mathy, le mardi et le jeudi les Experts, le mercredi du foot, et le vendredi de la variété. Point barre. Le lecteur soulignera: « les Experts, c'est une série! On en voit deux fois par semaine, et ils en passent trois épisodes ! » Je répondrai: « Ouais, mais il n'y a qu'un épisode inédit, le reste c'est de la rediffusion, et pas toujours dans l'ordre de la saison et c'est – encore – du policier, en plus ! ». La seule qui aie un jour sorti sa carte du lot, c'est M6, à l'époque de la vraie Trilogie. Désormais, avec l'ère informatique, l'internaute s'organise ses trilogies inédites à domicile.