mercredi 3 juin 2009

Une Europe sociale?

Les Français ne s'intéressent pas à l'Europe, c'est un fait. D'abord parce que ceux-ci ne connaissent pas l'institution elle-même – en voulaient-ils vraiment? - . Ensuite, parce que les gens ont l'impression que l'Europe ne les entend pas. On en a une démonstration en ce moment
avec les galères des producteurs de lait. Tout ça parce qu'en fin de compte, les Français s'attendaient à une Europe sociale, alors qu'on ne leur fournit qu'une Europe politico-économique.

En ces temps de crise, peut-être faudrait-il repenser la notion de Communauté Européenne et l'ouvrir vers des sujets pour lesquels elle n'a pour le moment aucune pouvoir décisionnel? Alors qu'elle légifère, parfois sans même réussir à infléchir la position individuelle des Etats (on pense évidemment à Hadopi et à ce procès, en Espagne, qui permet le Pair à Pair!), alors que les eurodéputés accordent des subventions, souvent sans connaître la réalité du terrain, alors que l'Europe elle-même laisse transparaitre cette fragilité dans ses rapports avec les Etats qui l'intègrent, on peut penser qu'une réforme de l'Europe - ou plutôt un nouvel élan de responsabilité – est à prévoir.

L'Europe sociale, une utopie?

La mise en place d'une Europe intéressée aux affaires sociales est un chantier colossal difficile à mettre en place, à cause des différences de droits dans chaque pays. La protection sociale de l'individu prend diverses formes, des cotisations aux prestations, il n'existe pas d'aide européenne dans ces domaines qui aie un poids certains et équitable au degrés de développement économique des Etats. A peine le citoyen pourra t-il mendier quelque prime qui n'améliorera en rien sa condition. La Crise économique les touche tous, à des niveaux différents, et le Français râleur n'a pas à avoir plus de poids que le Tchèque mécontent mais moins bruyant. A l'heure actuelle et avec une Union Européenne en constante expansion, penser à la conception d'une législation sociale commune et impossible. A la limite, il est bien trop tard...

« Des Etats-Unis d'Europe »

Alors on peut bien rire de cette expression lancée par le Parti Socialiste. Pour obtenir une réelle efficacité de l'Europe pour chapeauter les Etats qui la composent, encore faudrait-il uniformiser les quelques règles qui font les déséquilibres sociaux et économiques. Déjà, uniformiser la valeur des choses, et donc des salaires. Si un salarié polonais gagne autant qu'un français, alors on limite les politiques de délocalisations. De plus, le niveau de vie doit s'indexer sur les Etats les plus riches; c'est une question de développement économique. Enfin il faut des lois communes et des libertés réfléchies, pour chacun d'où qu'il vienne, sous une autorité ferme et inflexible. Alors on pourra commencer à penser à unifier les Etats d'Europe. En voilà une belle idée de programme, non?


J'aimerais m'excuser auprès du lecteur pour cette analyse bien incomplète et superficielle de la question, qui révèle mes lacunes dans le domaine, lacunes qui sont le problème du français lambda et qui ne demandent qu'à être corrigées. Vos précisions seront les bienvenues.

8 commentaires:

  1. L'expression "États-Unis d'Europe" n'a pas été inventée au PS, mais par Victor Hugo.

    Sur l'harmonisation sociale, autant écarter tout de suite ce qui relève du fantasme : impossible d'avoir les mêmes prestations sociales, les mêmes prélèvements, les mêmes salaires dans tous les États-membres. Cela n'existe dans aucun État fédéral, ni même dans aucun État tout court d'ailleurs (si on se base alors sur des critères purement géographiques).

    Le processus décisionnel en lui-même, entre États, ne le permettra jamais (même en passant à la majorité) ; et de toute façon la plupart de ces différences proviennent de facteurs sur lesquels aucun gouvernement, nulle part, n'a réellement prise. Sauf à sombrer dans le totalitarisme.

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  2. Avec la crise actuelle, certains patrons en profitent pour fermer leur usine pour en ouvrir en douce discrètement dans les pays de l'Est.
    A ce propos, le groupe automobile PSA qui se dit malade, envisage-t-il de fermer son usine de Kolin en Tchéquie ?

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  3. "encore faudrait-il uniformiser les quelques règles qui font les déséquilibres sociaux et économiques"

    Oui. Même si Rubin, avec sa casquette de libéral de service, a raison... Tout cela n'est pas très simple.

    C'est le temps qui doit jouer, comme pour la vague précédente d'intégration (Espagne, Portugal, ...) pour que la "valeur de l'argent" se rapproche entre les pays.

    Bobiyé.

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  4. J'aime bien ton billet et ses rêves. Cette Europe là n'est pas pour tout de suite, mais c'est la voulant qu'on s'en rapprochera.

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  5. @Rubin: merci pour tes précisions. Je reste conscient de l'utopie de ce projet.
    @Webkili: bizarrement, je doute que la Tchéquie soit particulièrement impactée si PSA choisissait de délocaliser une usine...
    @Nicolas: combien de temps avant une Europe uniforme? Déjà faut-il rappeler qu'elle est passée à 50,6% de oui (traité de Maastricht)
    @Le coucou: laisse-moi rêver :-)

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  6. États unis d'Europe me semble juste comme expression car elle rappelle invariablement les états unis d'Amérique. Je préfèrerais le terme de fédération parce que les USA c'est vraiment pas mon truc et ça me repousse à priori.
    Les français se font à tort une idée romantique de l'Europe alors que les politiques nous construisent une Europe libérale. Soyons nombreux à voter comme il le faut.

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  7. Les décisions prises au Parlement Européen ont beaucoup de conséquences pour les pays membres, c'est pourquoi il faut se sentir concerné même si les campagnes électorales des uns et des autres sont plutôt mauvaises. J'aurais notamment bien aimé que l'on parle aussi de cette notion de "groupe" dans la campagne car les alliances entres partis des différents pays sont importantes pour peser sur les décisions. Mais le monde ne s'est pas fait en un jour !

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  8. @l'autre: voilà bien le souci, les Français se font une autre idée de l'Europe dont ils rêvent. ils attendent celle dont ils ont besoin.
    @Dodue: il faut laisser le temps au temps, même si l'impact du Parlement européen semble n'en avoir aucun sur notre petite vie de tous les jours.

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