mardi 23 juin 2009

Du déficit de l'Assurance Maladie

Revenons au déficit record de l'Assurance Maladie. Vingt Milliards d'Euros. Un chiffre astronomique pour lequel l'Etat ne trouvera pas de fond secret, comme pour sauver les Banques, et dans lequel il a sa part de responsabilité puisque la Droite n'aura eu de cesse de lancer des réformes qui n'auront, finalement, qu'aggravé le déficit. Investir pour amortir, ça ne marche pas à tous les coups, et encore moins sur du court terme. Ainsi, la Carte Vitale 2 n'est pas encore dans les poches de tout le monde, connait des retards de production et donc, occasionne des frais supplémentaires. Mais ce n'est qu'une goutte dans l'océan, ça ne se chiffre qu'en millions d'euros. Pour ma part, quatre causes ressortent particulièrement de ce déficit, mais avant de les énumérer, rappelons que ce déficit est normal: il n'est pas dans la vocation de la Sécu de gagner de l'argent, et le modèle de protection sociale français est le meilleur du monde ! Oui, Monsieur le Petit Président, même les ricains nous l'envient ! Donc, les causes du déficit seraient:
- les abus: largement dénoncés par le gouvernement, les différentes réformes de déremboursement visaient donc à les limiter. On partait du principe qu'entre la participation forfaitaire et le remboursement à 50% des visites, le français hésiterait à aller chez le médecin pour un rhume. Et alors? Rien ne change vraiment puisque le français assume les participations, et basta. Pourtant, la somme des abus ne se chiffre pas en Milliards, elle non plus, et le comportement des français de classe moyenne reste raisonnable et responsable dans l'ensemble. D'autant que cette règle comporte des anomalies, comme par exemple le cas des Affections de Longue Durée, contraints d'aller chez le médecin et pourtant "sanctionnés"...
- le vieillissement de la population: forcément, on retrouve presqu'autant les p'tits vieux dans les salles d'attente que dans les rayons des supermarchés un samedi. Une population qui vieillit, c'est une population qui demande des soins plus fréquents, plus variés, plus chers. C'est systématique. De là à dire qu'il faudrait arrêter... non, on sera tous vieux un jour! Mais déjà, une bonne canicule... (joke)
- la précarité: en constante augmentation, les bénéficiaires des aides sociales telles que la CMU ne sont pas impactés par les partisipations forfaitaires et bénéficient d'un ensemble de soins qui alourdit directement l'Etat. De ce côté là, les abus sont les plus nombreux, et peuvent se révéler les plus chers. Comment? A cause des...
- Médecins: et ce n'est pas parce que certains listent des dizaines de médicaments remboursables pour aller faire son shopping en pharmacie, mais plutôt parce qu'ils demandent parfois des examens approfondis et couteux pour pas grand chose. Un patient qui bénéficie de la CMU est, par défaut, pauvre. Donc sujet à des maladies qui se constatent dans son niveau de vie. Déjà, la consultation générale coute ses 22 euros, puis il va chez un spécialiste à la demande de son médecin, et endette encore la Sécu de 28 euros. Ce spécialiste effectuera des examens, IRM, scanners... et paf, une facture à la charge de l'Etat qui dépasse le millier d'euros. Et le cas d'un CMU-iste n'est pas isolé, on le retrouve à tous les niveaux sociaux de la population. Les frais d'hospitalisation coutent cher, les moyens ne sont pas suffisants et les abus ne viennent pas que des patients. Pourtant, l'Etat ne prend pas la peine de responsabiliser les médecins et augmente une fois par an le montant des visites. Encore une fois, la vache à lait, c'est le peuple. Comprenez-vous mon point de vue?

Nous voilà à 20 Milliards. Quelquepart, ce sont 20 beaux Milliards, reflets d'un système unique et merveilleux qui coute cher et est le fardeau des travailleurs, au point qu'on les invite à bosser plus tard tout en prévoyant dans l'ombre d'augmenter les cotisations maladie. L'Etat, qui devrait s'enorgueillir de ce système, tente de le détruire, prévoyant encore d'autres déremboursements et sanctions diverses, et d'impliquer les mutuelles payantes et hors de prix dans l'Assurance Maladie. On privatise (finalement) on sélectionne (les classes aisées), on élimine (les plus faibles). Alors que des sommes d'argent immenses sortent des chapeaux, que l'Elysée s'endette, qu'on rappelle à tour de bras que c'est la crise et qu'on libère la précarité par des licenciements de masse, que le système économique est grandement fragilisé, il me semble indispensable de maintenir l'Assurance Maladie à flot, parce que si on perd ça... que restera t-il?

Pendant ce temps, chez les autres:
Chez Fleche, on entretient la flamme du débat sur la Burqa, Elmone se demande si la Gauche ne devrait pas se méfier des élections 2012, Christophe analyse le discours de Versailles que CC dédaigne, mais que le Coucou reprend aussi.
Voilà pour le petit tour de la journée. Les autres viendront demain ;-)

7 commentaires:

  1. Les créations d'emploi non soumis aux paiements de charges sont la cause majeure pour moi mais surtout, on absorbe en ce moment le vieillissement des enfants du babybomm et la courbe du déficit devrait s'inverser dans quelques années de manière naturelle.
    En fait pas de quoi s'affoler si on prend un peu de recul !
    :-))

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  2. Il parait que du côté des retraites, on peut supporter le coût jusque 2025. D'ici là, prenons du recul et NON à la retraite à 67 piges !

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  4. @ Anonyme: assume et nomme-toi.

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  5. Le sarkozisme dit: "Nous avons le meilleur système du monde.", le Sarkozisme fait: "Il faut réformer et détruire ce système". Inutile de prouver, de convaincre! Sauf à combattre la bétise, l'ignominie, mais bon... ya pas "Secret story" à la télé?

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  6. La sécu n'existe pas pour faire des bénéfices, pas plus que l'éducation nationale. Si l'on veut trouver des causes au déficit, il ne faut pas oublier le chômage, des exemptions de charges, les dettes du patronat et de l'état, autant que la surconsommation médicale. Avant d'instaurer les franchises, il aurait été autrement judicieux de cesser de prendre en charge les fantaisies pseudo-médicales: les cures, l'homéopathie, etc.

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