La grève : points de vue

Raoul Doucement, Fonctionnaire : "Ouais, on fait grève contre l'alignement des régimes spéciaux ! Déjà parce que je peux pas me permettre de faire un régime avec mes 47 kilos tout mouillé, mais aussi parce que le droit de grève c'est bien !" Derrière cette boutade se cache pourtant un réel malaise. Aligner les régimes spéciaux sur les autres, au niveau du nombre d'années cotisées pour partir en retraite, est un réel souci d'équité. Mais les gars de la SNCF, RATP ou EDF se battent aujourd'hui pour garder un acquit social durement payé par leurs aïeux. On remet en cause le droit de grève, puis le droit au départ en retraite. Attention, il y a un piège ! En effet, une fois ces personnes - qui représentent une part infime de la population travailleuse - alignées, tout le monde sera à 40 ans de cotisations. Puis 41, prévus en 2008. Enfin, 42 avant la fin du quinquennat. Cherchez l'astuce !

Micheline Renault, usagère: "Y'en a marre des grèves à la SNCF! Et c'est pas parce que j'ai un nom e locomotive et que mon mari ne me passe pas dessus comme le train que je dis ça !" Madame s'étonne qu'on lui dmeande jamais son avis quand tout va bien... Et encore une fois, c'est la classe moyenne qui paie le prix de la Réforme. Nombreux sont les travailleurs sur les routes, pour ceux qui n'ont pas pris congé. Ras le bol pour le moment toléré, il deviendra exaspération, et encore une fois les régimes spéciaux en prendront plein la gueule. Cercle vivieux, alors que ces derniers devraient rassembler la France à leur cause, il finiront par passer pour les méchants. Du coup, Micheline opte pour marcher jusqu'à l'ANPE, puisqu'elle n'a pas de travail. Ah, c'est fermé ! Et oui, ils grèvent aussi pour lutter contre le rapprochement avec l'UNEDIC...

Frederic Fion, sosie de Premier Ministre, parlera pour le Gouvernement :" Bah c'est trop cool la grève, comme ça on parle de moi et de mon travail. Pas de Nicolas le Grand Chef ! Ca change ! Bon je me sauve, mon jet privé m'attend..." C'est tout bénef, à terme, pour notre gouvernement. Il suffit de patienter, et le peu de l'opinion publique favorable à cette grève basculera du côté de la majorité à la faveur d'un ras-le-bol grandissant. Comme de toute façon, le grand Chef se refuse à négocier sur les aboutissements de sa réforme, c'est comme si on y était déjà. De plus, ce même gouvernement possède des voitures avec chauffeurs, et emprunte rarement les transports en commun. Une bonen coupure de courant localisée sur l'Elysée ferait bien plus de dégats... sauf qu'ils ont surement un générateur. Pas de moyen de pression, Etat champion !

Mon point de vue : il ne s'agit pas de s'attaquer à une réforme de régimes spéciaux de retraite. Le fond du problème, c'est la pénibilité du travail qui déterminerait l'âge de départ en retraite. L'équité de l'Etat, c'est de mettre tout le monde dans le même panier. Je pense que l'idéal serait de s'attaquer à la forme plutôt qu'au fond. Le type qui bosse dans le froid, dans la difficulté et se casse proprement le cul à bosser chaque jour, mérite de partir plus tôt en retraite car il sera victime d'une santé fragile, abimé par l'effort. Dès lors, je propose de s'attarder plutôt sur les contrats de travail. Le poste occupé déterminerait le droit ou non à un avantage social de retraite anticipée. C'est la meilleure façon de déterminer la pénibilité. Evidemment ,c'est du cas par cas, j'entends déjà les voix qui s'élèvent. Mais avez-vous une solution qui soit réellement juste? Toutes les réformes ont leur lot de contestataires, perdre des acquits est forcément douloureux. Et pendant ce temps, on nous passe de mini-réformes à fort impact sur la population. Profitons que l'opinion soit occupée ailleurs, et augmentons les participations forfaitaires médicales, par exemple?

Je profite de ce billet pour relayer l'article sur le "budget 2007" de Nicolas J. Perspicace, ce dernier relève avec justesse les propos de nos élus. Fécilitations à lui qui a le courage de suivre les émissions en direct de l'Assemblée !