vendredi 9 février 2007

Le coup de l'andouillette

Je me souviens d'une fois, où il était nécessaire pour le boulot d'aller effectuer des permanences administratives un peu partout dans le département. Cela durait une matinée, avec pour principe de se poser à la mairie dans une salle dédiée, et d'attendre les visiteurs qu'on est chargé de renseigner. Les séances se terminaient à midi, et j'étais alors libre d'aller déjeuner où je le souhaitais avant de rentrer à Arras. Cette fois-là, je rentrais d'Hucqueliers où les restaurants étaient fermés, aussi je m'arrêtais à hauteur de Fruges, au restaurant Le Fournil. Attention, messieurs-dames, il ne s'agit pas d'une brasserie, mais bel et bien d'un restaurant où les menus sont moins fournis et plus délicats. Je m'asseyais donc seul, et un serveur m'amena rapidement une mise en bouche, qu'il me présenta comme de la purée liquide de chou-fleur. Original, fort en bouche. Puis, il m'offrit de consulter la carte. J'étais mal à l'aise, il y avait beaucoup de VRP, de gens d'une classe sociale visiblement plus élevée que la mienne, aussi je leur tournai le dos et regardai la porte d'entrée. J'optai pour le menu à 20 euros. Parmi le choix de trois viandes proposés, je choisissai le boeuf : il n'y en avait plus. Le poisson, non plus. Restait juste l'andouillette, quoi. Allons-y.
En entrée, le majordome m'apporte une tartine campagnarde. Sous ce nom étrange se cache une petite biscotte nappée d'une sauce forestière et de quelques champignons. Rien de bien folichon. En dessert, j'ai eu droit à un carré de chocolat tout petit et quelques miniardises, sortes de pates d'amandes effilées. Et je m'attarde sur le plat principal; la fameuse andouillette. Elle arrive sur une assiette dénudée, accompagnée d'un petit chaudron de légumes vapeur contenant une seule carotte, une seule petite pomme de terre et un seul chou de bruxelles. A peine de quoi nourrir un Somalien.
Je me rabat, affamé, sur l'andouillette dont le fumet parvient à mes papilles. Elle est bien cuite, contient pas mal de gras. Je mâche. Hmmm. coriace le bout de gras. Hmmm. Ca fait cinq minutes que je le mâche, pas encore broyé. C'est du caoutchouc? Hmmm. allez, tant pis, je le gobe sinon j'y suis encore pour un quart d'heure... Glarg ! Arglll, il est coincé entre ma bouche et mon oesophage ! Je m'étrangle ! Touss ! Touss ! Arglll! Touss ! Bleuarg, ah le revoilà dans ma bouche. Faut que je le crache, vite! Discrètement je passe ma serviette devant ma bouche, y dépose le bout de gras qui a failli me tuer, et qui m'a coupé l'appétit. Je finirai en vitesse mon dessert, je ne prendrai même pas de café. La dame de l'entrée me dira "vous n'aimez pas? - Euh, j'ai un appétit de moineau"... Piètre excuse, je n'avais de colère que pour cette andouillette meurtrière à laquelle j'avais échappé. Las, épuisé, écoeuré, je décidais résolument que plus jamais je ne mangerai d'andouillette...

2 commentaires:

  1. A quand l'adaptation en film ! de l'andouillette qui m'a tuée !

    Punaise c'est impressionnant les choses qui t'arrivent !!!

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  2. C'est pas mieux que le coup de l'arête de poisson ! lol !

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