mercredi 24 novembre 2010

Les propriétaires immobiliers, responsables de la crise du logement?

Alors que Jean François Copé écume les radios pour justifier de l'annihilation de l'ISF et faire croire à qui veut l'entendre que « les propriétaires qui louent des biens immobiliers à autrui ne paient pas d'impôts, mais que ça va changer » * dixit le moustachu de mon travail, un collègue lançait l'idée de plafonner les loyers dans les villes, justifiant qu'il était anormal de trouver des montants si élevés dans des métropoles où le coût de la vie lui-même est plus cher.

Il expliquait qu'un individu devrait pouvoir se loger dignement et sans difficulté, en n'investissant qu'un tiers de ses revenus dans le loyer et que l'économie réalisée lui permettrait de consommer... et de relancer la machine, consommation-demande-production-emploi. Un tiers des revenus, c'est ce qu'imposent les banques lorsqu'un individu s'endette pour acheter ou bâtir. Cette limite n'existe pas, ou peu, pour les loyers, certains locataires s'endettant à plus de 50% pour enrichir des propriétaires peu scrupuleux et pouvoir bénéficier d'un toit sur la tête, dans un studio miteux, au cœur de la ville. Ils ne profiteront même pas des richesses de cette dernière, contraints de se restreindre pour payer le loyer. Sans oublier que lesdits propriétaires ont des critères de plus en plus stricts à la location: CDI indispensable !

L'idée du collègue a surement du chemin à faire: la plupart des nouveaux locataires paient des loyers fixés suivant les barèmes des villes, barèmes institués selon plusieurs critères de confort, emplacement géographique et services de proximité. Ces loyers sont souvent très élevés, et, à Arras comme ailleurs, il n'y a jamais autant eu de panneaux « à louer » et de files d'attentes aux logements HLM.

*la fameuse taxation des revenus du patrimoine: une annonce de réforme pour un impôt qui existe déjà, on nous l'avait jamais faite, celle-là ! Les propriétaires paient déjà des impôts sur les revenus de leur patrimoine, à déclarer comme les revenus professionnels chaque année !

8 commentaires:

  1. Il n'y a qu'une solution : que la collectivité arrête de subvention l'acquisition de logements privés mais aussi, à moyen terme, les aides au logement de type CAF.

    Je sais : c'est méchant de ma part. Mais les loyers ne monteraient pas tant si l'état n'aidait pas les pauvres à payer leurs loyers. Pour ce qui concerne les aides à l'acquisition, c'est pareil, elles ne font qu'alimenter la spéculation immobilière.

    Ce qu'il faut faire, à la place, c'est que la collectivité construise du logement social : c'est utile pour les gens, ça rapporte à terme un peu de loyer et ça concurrence l'immobilier privé donc fait cesser l'augmentation des loyers et la spéculation immobilière.

    N.B. : C'est pareil pour le logement étudiant. Un ministre avait déclaré vouloir supprimer les alloc pour les parents des mômes qui ont des aides pour avoir un logement. Toute la gauche avait gueulé mais c'était pourtant la bonne solution (ou, plus exactement, l'inverse : supprimer les aides au logement pour les étudiants, ce qui nécessite, évidemment, au préalable, la construction de logements pour les étudiants).

    Sans compter que quand l'état construit, ça génère du patrimoine et donc ça n'alourdit pas la dette nette.

    Désolé d'avoir été si long (remarque, pour une fois !) mais ce sont un peu mon cheval de bataille, toutes ces fausses bonnes idées gauchistes...

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  2. J'ajoute un point, à propos de la taxation des revenus du patrimoine. Et je me trompe peut-être : je crois qu'ils sont effectivement déjà taxés mais sont souvent "forfaités" (donc ne rentrent pas dans l'IR progressif) et ils n'ont pas le volet "cotisations sociales" hors ISF.

    L'UMP lance ce genre de pavés dans la marre pour torpiller le débat sur la fiscalité qui sera obligatoirement au centre des primaires du PS. Rappelons que l'UMP a annoncé le grand débat sur la fiscalité exactement à la période où le PS fera les primaires...

    Ah merde ! J'ai encore été trop long.

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  3. Merci pour ces longs commentaires. Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de l'augmentation des loyers. Ceci dit, le prix de l'acquisition d'un bien augmente sans cesse, lui aussi. On se retrouve avec une population de classe moyenne dans la difficulté... et sans logement.
    Je ne suis pour le HLM à tout va, ça crée des ghettos. Je préfère la résidence, avec de petites maisons, accessible au plus grand nombre. Ici, à Arras, ça se met en place à la périphérie de la ville.

    Nous sommes d'accord sur le fait que pour l'état, c'est un investissement durable et rentable.

    Enfin, concernant la taxation, c'est en effet de la poudre aux yeux. Ca ne solutionne pas la perte de 3 milliards d'isf.

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  4. Je ne parle pas de HLM : ça crée les ennuis dont tu parles. Je voyais plus une mixité sociale. Dès qu'un immeuble de logements privés se construit, on en construit un public pas très loin. Ou quand on rénove, en ville, on construit un immeuble avec quelques logements sociaux.

    Ca foutra la merde dans la spéculation immobilière...

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  5. Whaou ! Il y avait une leçon complète de politique immobilière par ici, aujourd'hui !

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  6. petite précision, la règle de calcul de la solvabilité du locataire et de gagner au moins 3 fois le montant du loyer (sauf pour les étudiants bien sûr)... donc comme pour l'achat

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  7. Je suis tout à fait d'accord sur le plafonnement des loyers. On arrive à cette situation ridicule : on vérifie deux cent trente deux fois à l'entrée que tu pourras assumer la charge mensuelle du logement et dès le 1er janvier suivant on t'assomme avec une augmentation au moins du double de l'inflation.
    Le problème vient aussi de cette très bonne idée qu'on eut les socialistes au pouvoir dans les années 80 de désindexer les salaires. En clair ton revenu stagne, les prix augmentent de 2%, ton loyer de 5% et tu te démerdent pour t'en sortir !
    Une bonne méthode pour fabriquer de la misère !
    :-))

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  8. C'est donc un sujet délicat mais il y a des pistes à explorer... Ce matin, les infos parlaient d'une régulation des marchés immobiliers par l'augmentation des taux d'intérêt. C'est à prendre en compte aussi.

    Merci à Carafe pour la précision, mais si c'est le cas des agences qui proposent des locations, le particulier à particulier ne raisonne pas suivant cette règle.

    Rendez-vous compte que certains préfèrent ne pas louer que de louer moins cher ! Certains apprat restent vides, et ce sont les assurances contractées par les propriétaires qui leur assure un amortissement de leur investissement...

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