Je sais que tu dois penser que je suis mort. Depuis que l'éclair a frappé la De Lorean que j'avais récupéré et « arrangé » dans le garage, tu n'as plus eu de nouvelles de moi, jusqu'à ce jour où j'ai demandé à un huissier de te remettre cette missive, que je te demande de recopier sur mon blog à l'intention de mes amis et lecteurs.
Je suis parti, je crois, pour toi, il y a deux jours. Pourtant, voilà six mois que je recommence ma vie dans le vieil Arras. Tu me croiras si tu veux, la machine à fonctionné, et je suis maintenant journaliste dans l'Arras des années 1890, où mes connaissances en Histoire se révèlent précieuses. Au début, j'ai eu du mal à comprendre ce qui m'arrivait, et pourtant, les conseils de Doc Didier Goux pour construire une machine à voyager dans le temps se sont révélés exacts. J'ai ouvert les yeux, garé au milieu d'une ruelle pavée discrète, dans notre rue. Au XXIème siècle, elle aura disparu. Je m'en allais découvrir cette époque, vêtu d'un jean et de baskets usées qui attiraient le regard des passants. Tu n'imagines pas leur tête. On se serait cru dans une reconstitution d'un vieux film. Calèches, rues pavées, éclairage au gaz... Chapeaux, vestons, pantalons de rigueur ! Je descendais le passage vers une sorte de couvent, aux pierres médiévales intactes. Il sera détruit après la première guerre, ébranlé par les bombes. Dommage, sa tour surplombait la ville et était majestueuse. Je la regarde, chaque jour, me rappelant ce qui finirait par arriver.
Les gens m'évitaient. Étranger dans mon pays, je ressentais ce que ressentiraient, plus tard, les Polonais et les Maghrébins invités dans le Nord pour bosser dans les mines, puis rejetés et écartés par la société.
J'ai rencontré M. Marceau. Personne ne le connait, dans les livres d'histoire, mais ce type est génial. Il m'a pris sous son aile, en mentor, et a cru à mon histoire... peut-être aidé par les bières qu'on s'enfilait l'une après l'autre, et dont il payait tout: mes Euros n'ont pas cours ici ! Je lui racontais les évolutions technologiques, le faisais rêver avec le futur, mais aussi, je lui faisais peur par mes anecdotes politiques ou économiques. Je lui racontais la Crise de 29, les Guerres, les désastres. La façon dont le monde tournerait dans cent ans. Je lui racontais les évolutions sociales, il souriait. La Sécu, l'Assurance Chômage, les congés payés. Il jubilait. Puis l'ère nouvelle, et son sourire s'estompa. Qu'il me prenne pour un fantaisiste, peu importe.
Il me dégota un boulot de pigiste, je fis l'affaire rapidement dans un journal local qui disparaitra d'ici 15 ans. J'apporte mes connaissances, mes innovations, et peut-être que j'inventerais quelque chose ! Le bikini? Un parti politique? En tout cas, j'écris la première chronique engagée de l'histoire du journalisme ! Un peu du blogueur qui reste en moi.
Tiens, il y a une chapelle sur la Place des Héros. Cérémonie commémorative, bientôt. Les gens se déplacent en carriole, n'usent pas du même vocable, s'intéressent à d'autres choses et... ne connaissent pas le football ! Il y a des quartiers vraiment mal famés, d'autres simplement sales, où courent les rats d'Arras.
Et soudain, le doute m'assaille.
Dans l'incapacité de reproduire un événement me permettant de retourner chez moi, en 2010, ne risque-je pas de briser le continuum espace-temps? Ou est-ce que tout ce qui est arrivé doit arriver? J'aurais pas dû regarder autant Lost... Ne cherche pas à me retrouver, j'emploie chaque minute de mon temps, et Dieu sait s'il est précieux, à trouver un moyen de revenir vers toi.
Je t'embrasse tendrement. Embrasse le poisson rouge pour moi.
Ton cher et tendre,
Homer
Arras, le 23 Septembre 1892.
Cette lettre fait suite à une chaine insidieusement lancée par Didier Goux, reprise par les meilleurs esprits et transmise à mon intention par ce cher Coucou, à mon plus grand plaisir. Il s'agissait de s'imaginer voyager à travers le temps grâce à une machine. Le rêve de tout homme. Et comme il est de rigueur, j'invite M. Poireau, Férocias (une petite idée de l'époque où il nous emmène?), le Privilégié, et Gildan à retourner vers le futur, le passé ou l'imparfait du subjonctif !
Lu! C'est bien! ainsi, vous vous voyez journaliste... Je me demande si le jean existait déjà, le jean en toile de Nimes qu'adoptèrent les cow boys.
RépondreSupprimerAh ! Homer qui se met à écrire !
RépondreSupprimerEt bien, en plus !
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RépondreSupprimerC'est trop bien, même génial, j'adore ce que tu as écrit mon petit journaliste des années 1800... Moi, ici présente en l'an 2010 j'ai bien embrassé le poisson rouge pour toi malgré ses larmes de tristesse causées depuis ton départ dans le passé... il se noie dans le chagrin ;-)
RépondreSupprimerSacré Homer, toujours aussi étonnant.
RépondreSupprimerTu aurais pu me tagguer, c'est le genre de chaînes que j'aime, moi.
:)
Joli billet ! M Homer/Marty ! :)
RépondreSupprimerOn dirait que tu te débrouilles très bien là-bas, dis donc. Tu es sûr que tu vas avoir envie de rentrer? Bon billet!
RépondreSupprimerC'est très plaisant de s'imaginer à une autre époque...
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