mardi 18 novembre 2008

Le client de dernière minute

Quand vous travaillez en administration, privée ou public, vous avez souvent à faire face au client de dernière minute. Vice-lard, tête en l'air ou retraité (les pires), ils arrivent toujours cinq minutes avant la fermeture ou le moment où vous devez impérativement partir, pour aller vous faire opérer, par exemple. Il se pointe donc à moins cinq, s'installe, vous le recevez avec un sourire hypocrite ressemblant à un rictus de hyène en rut. Lui, il a le temps. Pas vous. Alors vous rentrez dans le lard: objet de sa visite. Et là, il vous sort de son sac un dossier de 400 pages, contenant procédures, litiges et papiers de carambar. Un truc de fou, à faire durer des heures. Mieux encore, alors qu'il pourrait vous laisser l'étudier, il se permet de raconter le pourquoi de sa demande (vous lui aviez demandé, hein !), en y glissant les anecdotes sur la tante Simone qui a rasé son chat et tonton Roger l'a confondu avec un lièvre à la chasse et vous devinez la suite. Il fait nuit que vous êtes encore à l'entendre brailler sur son dossier, et forcément, vous n'arrivez pas à vous concentrer dessus. Vos collègues ont quitté le bureau depuis des heures, vous les voyez encore se foutre de vous en partant. Leur tour viendra, forcément. Et peut-être auront-ils à faire avec le client Kissétou?
Celui-là, il pose des questions et fait les réponse. Ce qui peut s'avérer reposant au prime abord devient vite délicat. Il faut suivre ce qu'il dit car une fois
qu'il a fini, il vous pose LA question qui tue, celle à laquelle vous répondez forcément par un "hein?" disgracieux, signe qu'il vient de vous réveiller d'une longue somnolence. Enfin, il y a le client qui passe avec une question technique dont personne n'a jamais entendu parler, à la recherche de l'astuce qui, dans son cas, lui éviterait de payer trop d'impôts, de cotisations ou de trop rembourser. La faille dans le système, qui sort du dossier banal, puisqu'il a réussi à faire planter votre système informatique rien qu'en entrant son numéro identifiant. Ce filou rassemble tellement d'astuces pour éviter de payer que le logiciel prévu refuse de fonctionner... D'ailleurs, c'est souvent en recevant ce client tardif que le système informatique plante. Mais alors, royalement, genre écran bleu. Vous vous retrouvez donc là, face au gars qui commence à baver d'impatience, les yeux éberlués et qui vous pose des questions, alors qu' inlassablement, votre PC répond "error system" à toutes vos requêtes. Vous appelez le service informatique, mais à cette heure, tout le monde est parti. La preuve, ils ont éteint le serveur... Vous restez seuls, ensemble, à meubler. C'est le moment de sortir un truc intelligent pour le faire partir, ou se préparer à une longue nuit en sa compagnie... Pour terminer, imaginons la situation réelle d'un service de ma connaissance :
En milieu de journée, un client se pointe pour un dossier. A peine entré dans le local, une petite odeur pestilentielle se fait sentir. Au début vous pensez que vous avez lâché une perle discrète mais sucrée, jusqu'à ce que vous réalisiez qu'on est toujours à l'aise que dans sa propre puanteur: c'est donc le client qui a pété, ou qui, simplement, pue le phoque (mort)! En général, vous passez par toutes les couleurs avant qu'il parte ou que vous lui vomissiez dessus. Une fois le client parti, vous comprenez pourquoi votre collègue a laissé à disposition une bombe désodorisante pour purifier votre espace vital.
Ce sont ces petits moments qui n'égayent pas votre début de soirée. Au moment où vous pointez, vous n'avez plus qu'une envie : vous coucher (seul ou avec le client si vous avez sympathisé) pour oublier que normalement, vous deviez partir "à l'heure" aujourd'hui...

5 commentaires:

  1. Mdr quelle aventure !!!
    Heureusement que je bosse plus là-bas... (Et oui, je bossais au même endroit)
    Enfin, ça me manque quand même de ne plus rigoler comme ça, car le chômage c'est pas drôle mais plutôt ennuyeux et long...
    (Petite pub perso : pour les patrons d'entreprise, les pistons, les aides à l’emploi,… Je suis à la recherche d’un travail dans l’administration et prête à développer mes connaissances dans d’autres domaines).

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  2. Amusant! La prochaine fois que j'ai une démarche à faire, je me pointerai à l'ouverture pour ne pas déranger;-)
    Pour chasser les importuns, tu pourrais écraser discrètement une boule puante sous le bureau, ou déclencher une fausse alerte incendie…

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  3. Pas mal cet article, ça a un petit côté "journal de caissière" plutot sympa

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  4. Pas mal cet article, ça a un petit côté "journal de caissière" plutot sympa

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