mardi 20 mai 2008

A la messe

Un écho qui résonne, une voix monotone qui balbutie une prière connue de tous et des gens qui s'assient et se relèvent sur des sièges inconfortables : on pourrait penser qu'on fait pénitence et c'est un peu ça. On est à la messe. En tout cas c'est le souvenir que j'ai des messes de mon enfance, car voilà bien longtemps que je n'ai pas assisté à l'office. Culturellement, il avait semblé interessant à mes parents que je sois informé de la religion chrétienne catholique. Pensant que ça avait un rapport avec la télé - ne dis-t'on pas un tube catholique? - je me rendais alors au catéchisme le coeur en bouche. Les leçons de christiannisme étaient dispensées par des vieilles chouettes, ce qu'on appelle chez nous des grenouilles de bénitier. Des mamies parfois peu sympas qu'on voyait trainer avec le curé, qui lui-même portait des lunettes noires en se prenant pour Eddy Mitchell. Pas de Boogy Woogy pour autant, il fallait aller au caté tous les mercredis après-midi. On y lisait des livres, des psaumes, on apprenait par coeur les prières... mais il manquait quelquechose à tout ça, le petit pep's qui fait qu'il n'y a qu'un pas entre foi et bonheur.
Quatre années de formation, passant des vieilles biques au laïc du coin, et comme j'étais un gosse bien sage, je n'avais qu'une envie, ne pas y aller. Parce qu'aller au caté m'obligeait à subir une épreuve pire encore : aller à la messe.
Ah ça, c'était horrible. Parce qu'à l'époque, il était de bon ton d'aller à la messe, allez savoir pourquoi, vêtu entre autres d'un pantalon en velours qui gratte et de chaussures vernies. Comme le curé est un... curé, il aimait avoir les enfants aux premiers rangs (en fait il nous obligeait sinon on avait pas le droit de faire notre communion). Je me rappelle ce pantalon marron trop court, la fraicheur de l'Eglise idéale pour conserver du vin de messe et le Christ suspendu derrière l'autel qui semblait s'endormir de la liturgie constante de la cérémonie. J'avais l'air d'un petit ange au milieu d'une foule de vieux, l'Eglise ne rassemblant plus que les personnes agées dans mon village. On était une bande de gosses au sein du club du troisième age, les jeux et la gym en moins. Enfin, la gym, peut-être pas. Car la messe, ça muscle les jambes. Entre les "veuillez vous asseoir" et "le Seigneur soit avec vous... "(synonyme de "Debout !"), on passe du temps à faire des génuflexions ! Et à force de s'y rendre, on connait les épitres aux Corinthiens, ainsi que les chants et les appels du curé par coeur. Finalement, le show est toujours le même, mais il est gaché par la monotonie de la chose. A chaque fois je prie pour que notre curé, l'Abbé Chamel, fasse venir un groupe de Gospel ou Marylin Manson... hu hu hu.
Puis vient l'heure de la quête. Je sais pas vous, mais quand je vois des petites vieilles qui mettent des enveloppes épaisses dans le panier, je me pose des questions. J'ai même un peu honte avec mes deux pièces de 5 centimes que je frapperais fort dans le panier pour éviter qu'on voit ce que je mets. Le tout couvert par un chant à la grâce de Marie, auquel succédera la communion. Cela me rappelle un souvenir : je faisais la queue pour l'ostie, que je ne mettais pas en bouche pour pouvoir le partager avec mes copains. La catéchiste m'enguirlanda alors, tout ça parce que j'avais appliqué sa doctrine : le partage. Ca marque un gosse, tout ça ! Et c'est alors que les gens se recueillent, que les gosses couinent moins et qu'on entendrait une mouche voler dans la maison de Dieu... qu'un bébé commence à brailler ! Braire, comme on dit chez les Ch'tis ! Rien de plus agaçant qu'un bébé qui pleure à l'église, vous en conviendrez ! Je veux bien m'habituer à l'orgue de Barbarie, qui me fait penser aux matches de Hockey américains, mais le bébé, c'est en trop...

Enfin, il est temps de partir : vite vite, les gosses et les papas courent à l'extérieur, traversent un cimetière humide au sol jonché de cailloux rouges, ouvrent le portail grinçant et évitent le bac à fleurs pourries qui émet un relent sucré aux alentours, et filent comme une flèche vers leur deuxième messe du dimanche matin : Téléfoot !

3 commentaires:

  1. Lol, tellement vrai... L'église tarde vraiment a moderniser son discours et sa doctrine...

    C'est pas forcément la joie dans la maison de dieu...

    Tizel

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  2. Pénitence, c'est bien le mot. J'ai toujours détesté le "caté", je trouvais ça débile d'apprendre des histoires totalement irréalistes et incohérentes sans avoir le droit d'ouvrir sa gueule pour dire "euh... mais ça a aucun sens votre truc là". Et la messe, j'en parle même pas, faut vraiment m'y traîner de force, je n'y suis allé que quand j'étais obligé.

    PS : Faites comme moi, mettez des francs à la quête, ça leur fera les pieds ;-)

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  3. Mon souvenir des dimanches de messe, est empreint d'odeur de crèpes chaudes, ma mère qui jouait au piano et moi qui était trop petite pour grimper sur la chaise et qui à chaque fois que le curé demandait de se lever se retrouvait handicapé à surmonter l' obstacle de grimper et de redescendre de ma châise, c' est l' émerveillement de toutes ses peintures sur vitreaux, ses status, de ce receuillement spirituel qui me donnais toujours l' impression d' être à l' abri ou en paix, j' ai toujours adoré les églises, c 'est comme si j' étais dans un autre lieu, un autre temps, c' est une impression bizarre mais apaisante, ce qui est assez paradoxale car je ne crois en dieu, mais c 'est beau une église tout de même je trouve.
    Et les textes de la bible sont de très beau textes.

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